Situation
Implanté sur un éperon rocheux dominant le bourg de Montfort et la vallée de la Risle à près de 120 m d’altitude, le Château forme un vaste ensemble d’une profondeur de 280 mètres et d’une largeur de 165 mètres. D’une superficie totale de 4,6 hectares, le site présente un emplacement particulièrement avantageux lui permettant de contrôler les voies terrestres menant de Pont-Audemer à Brionne et de Lieurey à Montfort. En outre, l’emplacement stratégique permet de prévenir tout danger en provenance du trafic fluvial et privilégie le contrôle de l’un des rares points de franchissement de la Risle aux XIe et XIIe.
Description
Le château se compose, au nord, d’un ouvrage avancé appelé communément le Grand Ber qui est entouré par un large fossé. Cet ouvrage semble apparenté à une basse cour de dimensions modestes. Au centre, subsistent les vestiges d’une enceinte en pierre qui comprend, au nord et au sud, 9 tours. A l’intérieur de l’enceinte, placé au sud-ouest et assez loin de l’entrée, se distingue un donjon de forme rectangulaire. Une courtine l’isole de cet ensemble. Au sud, en direction du plateau, le château se termine par une vaste basse-cour entourée par un fossé et protégée par un rempart de terre lui-même renforcé parfois par un mur de pierres maçonnées.
Origines
Les origines de l’édifice sont assez controversées. D’origine gallo-romaine selon Madame Delphine Philippe Lemaître ou d’origine franque par Alfred Canel, il n’en demeure pas moins que les vestiges subsistant semblent datés des XIe et XIIe. Hugues 1er de Montfort construisit l’édifice dans la première moitié du XIe, tout au moins l’enceinte de pierre dans sa configuration de base et vraisemblablement la tour porte subsistante. Hugues IV, son arrière petit fils, l’améliora dans la première moitié du XIIe, ceci correspond vraisemblablement à la période de la conspiration de la croix Saint Leuffroy à laquelle avait participé le sire de Montfort. La construction du donjon et des tours d’angles et de flanquement correspond sans doute à cette période. En l’état actuel des choses et des éléments en notre possession, seule une campagne de fouilles archéologiques permettrait de clarifier la situation et l’origine du site castral. L’édifice castral est aujourd’hui inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 13 septembre 1937.
Architecture et Bâti
La forteresse, comprenant l’enceinte de pierre et les deux basses cours attenantes, présente une structure particulièrement remarquable. La superficie de la haute cour représente à elle seule 3600 m2 formant une courtine protégée par quatre tours d’angle, une tour porte et quatre tours semi-circulaires. Le donjon de 18 m sur 16 m et dont ne subsiste que le premier niveau est implanté au sud ouest de la haute cour. De forme rectangulaire, il présente des vestiges de contreforts plats aux angles et au milieu. Une chemise l’entoure encore partiellement et l’isole du reste de la haute cour. Les matériaux composant les maçonneries sont pour l’essentiel composés de silex à parements et de blocaille, toutefois, selon nos investigations, il semble qu’un parement de pierres calcaires recouvrait l’ensemble des maçonneries et que ce dernier lui fut subtilisé par les habitants des environs au cours de siècles. . Les arrêtes et les soubassements révèlent un appareillage de pierre calcaire bien agencé. Nous avons pu le constater lors du sondage archéologique réalisé sous l’égide de Madame Claude Gilles en 1977 et 1978 lors duquel nous avons relevé les structures de la poterne au niveau de la tour porte.
A noter à l’arrière du donjon, le mur de courtine réalisé en Opus Spicatum témoignant d’un type de maçonnerie ancien mis en œuvre dès les IXe et Xe siècles. L’enceinte maçonnée est ceinturée dans sa totalité par des fossés dont la profondeur atteint parfois 10m alors que la largeur s’étend jusqu’à 39 m. Les murs de courtines, épais de 2 mètres, atteignent une hauteur maximale de 5 mètres mais un remblai important interdit une lecture précise de leurs dimensions. Lors des campagnes réalisées par l’association Chantier histoire et Architecture Médiévale (CHAM) en 2009, 2010 et 2011, nous avons clairement relevé des modifications intervenues en plusieurs emplacements faisant état de deux époques de constructions différentes.
Les parties sommitales ont été reprises rehaussant les murs de l’enceinte et un glacis a été ajouté sur l’extérieur des courtines. Ces deux éléments attestent un renforcement évident en vue d’une défense militaire accrue. Il en est de même pour les tours d’angles et la tour éperon dont l’implantation vient clairement s’ajouter dans un dispositif initial plus sommaire. Ces modifications reflètent vraisemblablement les transformations effectuées par Hugues IV évoquées au gré des textes et faisant suite aux nécessités imposées par le conflit avec le roi d’Angleterre Henri Beauclerc. Nous confortons également les récits évoquant deux périodes de construction pour le château. En effet lors de la dernière campagne de CHAM, une archère, transformée puis modifiée en point de lumière, a été clairement identifiée en pleine courtine alors même que les tours de flanquement présentent des points de tirs plus efficaces. Nous serions donc en présence des premières défenses réalisées avant les transformations évoquées ci-dessus. Notons que les campagnes de CHAM ont permis de réparer et solidifier plusieurs ouvrages menacés et de les pérenniser dans la durée. Cependant, l’absence d’une campagne de consolidation à long terme n’a pas empêché dernièrement de constater l’éboulement d’une courtine résultant du gel de l’hiver et qui aurait pu être évité…
Laissé dans l’oubli depuis plusieurs siècles, c’est en 2003 que notre association a commencé les travaux de réhabilitation du château de Montfort. L’absence d’entretien durant cette longue période a eu pour conséquences de favoriser l’extension d’importants végétaux envahissants et de détériorer partiellement les maçonneries. Les premiers travaux ont consisté à effectuer la dévégétalisation de la globalité du site représentant un nombre d’heures considérable d’environ 20000 heures. Cette première phase achevée, il a fallu, en outre, procéder au débroussaillage qui reprenant de plus belle a réussi à être contenu en ensemencent l’ensemble des basses cours , de la haute cour, des escarpes et contre escarpes. Les maçonneries subsistantes ont été nettoyées et les lierres les recouvrant ont été supprimés. Ces opérations permettent à présent de retrouver une réelle lisibilité de la forteresse qui se dessine sur un lit de verdure maîtrisée, il n’en demeure pas moins qu’un entretien pluri annuel reste vital pour pérenniser les travaux réalisés. Cet entretien est réalisé par les seuls bénévoles de Montfort Culture et Patrimoine