Historique et origine

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Le chef-lieu de la seigneurie de Glos était situé auprès de l’église Saint-Vincent, à l’entrée de la prairie. Le château a été reconstruit par la suite un peu plus loin, sur les terres du fief de Sahurs vers Montfort-sur-Risle. L’ancien emplacement est encore marqué par un colombier et un manoir roman du XIIème siècle, l’ensemble est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 27 avril 1999. Glos-sur-Risle comprenait plusieurs fiefs. Toutefois, un seigneur Guy de Glos est attesté en 1090 et donne, avec sa femme Anserada, à l’abbaye du Bec, les possessions qu’ils tiennent à Fontainecourt et Thierville. En outre, en 1140 un autre Gauthier de Glos donne une rente aux chanoines de Bourg-Achard. S’agissant des occupants du Manoir seigneurial, il est attesté qu’au XIIème siècle un château fort érigé par la famille de Grente se trouvait sur le territoire de Glos à côté de l’Église. Manifestement, la famille de Grente fut en possession du chef-lieu de la seigneurie. Notons par ailleurs qu’Hugues de Grente participa à la bataille d’Hastings aux côtés du Duc Guillaume en 1066. Nous évoquions plus haut la reconstruction d’un château sur les terres de Sahurs. C’est en effet le Sire de Grente de Grécourt, seigneur des lieux, qui fit construire un autre château situé sur le fief de Sahurs à la fin du XVIIIème siècle. Le château de Sahurs est actuellement la propriété privée du marquis de Durfort descendant de la famille de Grente. Notons aussi que vers 1210, Guillaume de Mortemer (fief assis en la paroisse de Glos) possédait également un fief de chevalier dans l’honneur de Montfort-sur-Risle. Robert de Mortemer, fils de Guillaume, plaidait en 1237 au sujet d’une charte accordée à son père par Hugues IV de Montfort, père de Robert II de Montfort. Le fief comprenant Glos-sur-Risle est mentionné comme possession du chevalier Guillaume de Mortemer.

Glos fut dévastée par les troupes Navaroises en 1357 puis par les Ligueurs au XVIème siècle. Le manoir seigneurial aurait eu plus tard une vocation religieuse et fut vraisemblablement transformé en chapelle seigneuriale, devenue prêche au XVIème siècle. Il servit de lieu de culte aux protestants, et si l’on se réfère à différents textes, il apparaît que les catholiques massacrèrent onze protestants durant les guerres de religion. S’agissant de cet épisode, voici une précision donnée par Alfred Canel : « Plus haut dans le bois du Maillot, il existe quelques fondations en maçonneries, on parle aussi de conduits souterrains ; on prétend que les protestants du pays avaient un cimetière à l’endroit même où l’on a découvert des tombeaux antiques. La tradition ajoute que l’on ne leur épargna pas les persécutions et qu’ils n’échappèrent plusieurs fois aux poursuites qu’en se réfugiant dans les
souterrains précités »

Situation

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Situé dans la vallée de la Risle, le manoir bénéficie d’un cadre champêtre empreint de sérénité. L’édifice se situe dans un
environnement de prairies et de bosquets au lieu dit Les Prés de Glos et la vue est dégagée vers les rives de la Risle. L’environnement attenant, église et maisons, reflète une architecture valorisante. À proximité se tenait l’ancienne voie romaine menant de Brionne à Lillebonne. La paroisse qui est ancienne est placée sous le patronage de Saint-Vincent. L’implantation du Manoir résulte d’une situation privilégiée. Sis à peu de distance de la voie principale évoquée plus haut, il est l’étape incontournable de la localité de Glos-sur-Risle. Par ailleurs la topographie des lieux laisse apparaître que le manoir était le centre du village, à proximité immédiate de l’église paroissiale Saint-Vincent et à une distance proche du moulin des Magnants dont les occupants du logis devaient probablement en recevoir les bénéfices

Architecture

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De la construction du manoir datée du XIIème et du début du XIIIème siècle, iI ne subsiste plus que le colombier et une partie du logis alors que l’ensemble devait comprendre d’autres bâtiments annexes et un enclos. Le corps de logis se présente sous un édifice rectangulaire de 13 m x 7,5 m de large, l’appareil est globalement constitué de moellons et de silex recouverts d’enduit. Le cellier semi-enterré est éclairé par quatre fenêtres étroites ébrasées vers l’intérieur. La salle du premier étage est dotée d’une cheminée et est éclairée par une fenêtre dans le pignon. Son ouverture rectangulaire, divisée en deux par un meneau vertical est inscrite dans un arc brisé reposant sur des colonnettes aux chapiteaux sculptés et des bases moulurées. L’édifice a conservé ses baies avec leur encadrement en pierre de taille. Certaines fenêtres sont particulièrement ouvragées telles les baies géminées avec colonnettes et arcatures sculptées, mais aussi les arcs en plein-cintre de la porte du cellier. Le manoir est implanté à proximité de l’église communale Saint-Vincent largement reconstruite au XVIIIème siècle, mais dont les parties les plus anciennes remontent aux XIIème et XIIIème siècles. Il pourrait s’agir de la chapelle seigneuriale du manoir, devenue église paroissiale par la suite. Le colombier, de plan circulaire, présente un appareil constitué de moellons et pierres de taille, il a été largement remanié vers les XIVème ou XVème siècles. Nos interrogations se portent également sur ce colombier dont l’empreinte et la construction semblent inhabituelles au regard de ce type d’ouvrage. Peut-être s’agit-il d’une ancienne tour venant renforcer l’ouvrage défensif du manoir originel. À cet effet, l’on consultera volontiers la vue aérienne (d’ancienne impression) représentant l’enclos de l’édifice et son impact au sol ainsi que le contour que semble former une seconde tour. Ainsi nous pourrions avancer l’hypothèse que le colombier existant succéda à une tour plus ancienne en complément d’un dispositif incluant le manoir dans un ouvrage défensif complet.

Manoir – Logis seigneurial – Maison forte

Le logis seigneurial, appelé plus communément manoir est, au Moyen Âge, depuis la fin du XIème jusqu’au milieu du XVème siècle, un vaste bâtiment situé la plupart du temps dans la basse-cour d’une place forte et réservé à l’usage du seigneur et de sa famille. Par extension, les termes de logis, manoir, ou maison forte désignèrent par la suite l’habitation du maître d’une ferme fortifiée, comme les logis du XIIème siècle qu’il est possible de trouver notamment en Angleterre et en France . Les maisons fortes sont principalement situées aux abords des bourgs, le long des routes principales ou à la frontière d’une seigneurie. Elles appartiennent à des cadets, à des parents ou à des alliés de grandes familles seigneuriales. N’ayant pas de droits seigneuriaux dans la structure féodale, les propriétaires de ces maisons fortes jouissent souvent de droits économiques d’où leur positionnement près des gués et des passages, des moulins et des centres de production artisanale. Du point de vue défensif, les maisons fortes doivent pouvoir résister quelques heures à l’assaut d’une petite troupe. À l’instar du château qui a servi de modèle, les détenteurs des maisons fortes ont cherché à imiter ce dernier en n’en reprenant que les éléments les plus significatifs et les plus chargés de symboles que sont la tour et la salle. Elle présente une organisation dans l’espace calquée sur le château, avec ses espaces dédiés à la vie privée (camera), ses lieux de sociabilité (aula) et ceux dédiés à la pratique de la religion (capella). Elle traduit l’identité de son possesseur, son niveau de richesse, ses besoins, son goût, son statut et son rôle dans la société médiévale. Le nombre important de maisons fortes est à mettre en relation avec la prolifération de chevaliers qui accèdent à la noblesse au XIIème siècle, tel que nous l’apprend la lecture des hommages, aveux, dénombrements et reconnaissances