maison Albert Lebourg

Albert Charles Lebourg est né le 1er février 1849 à Montfort sur Risle dans une maison située au pied de la rue de l’Ecu. Son père était greffier de justice et exerçait également le métier de géomètre, son fils Albert l’accompagnait lors des ventes et des arpentages dans la vallée de la Risle. Albert Lebourg a toujours entretenu un lien étroit avec la nature dès son plus jeune âge. Fréquentant l’école communale de Montfort jusqu’à 12 ans, il poursuit ses études secondaires à Evreux. Vers vingt ans, Lebourg commence ses études artistiques à l’école municipale de dessin de Rouen sous la direction de l’architecte Drouin qui lui fait rencontrer le peintre paysagiste Victor Delamarre (1811-1868). Abandonnant alors l’architecture, il suit à l’école municipale de peinture et de dessin de Rouen (les Beaux-Arts), les cours de Gustave Morin. Marqué par la vallée de la Risle, il s’exprimait en ces mots à son ami René Sautin : « toute la nature peut être renfermée dans quelques lieues, c’est notre vision qui amplifie les spectacles » Malgré ses pérégrinations, il n’oubliait pas Montfort et la vallée de la Risle : « j’ai souvent regretté d’avoir à quitter les bords de la Risle à Montfort et Saint-Philbert  » écrivait-il. « Entre Montfort et Brionne, je suis certain que j’aurai peint de beaux paysages « 

Dès 1869, le palmarès atteste de ses premiers succès dans la section dessin d’après nature. A cette époque son goût s’oriente surtout vers le romantisme de 1830.

En 1871 il rencontre le collectionneur M. Laperlier qui lui fait obtenir un poste de professeur de dessin à la Société des beaux-arts d’Alger, où il séjourne de 1872 à 1877, produisant des œuvres telles que Rue d’Alger en 1875 (Musée des Beaux-Arts de Rouen). Entre temps, il revient à Rouen et se marie le 2 septembre en 1873 avec Marie Guilloux. De retour à Alger avec son épouse, Lebourg rencontre le coloriste lyonnais Jean Seignemartin (1848-1875) qui lui révèle le secret de la nouvelle peinture moderne. Seignemartin, s’évertuait à vouloir peindre des effets ton sur ton : un arabe en burnous blanc sur un cheval blanc contre un mur blanc. Cet exercice marqua longtemps Albert Lebourg. Sous son influence, Lebourg s’exerça à peindre un seul et unique lieu sous différentes qualités de lumière, d’une manière analogue à ce que fit ensuite Monet. Il enseigna à Alger jusqu’en 1876 et pendant son temps libre se consacra aux paysages de plein air. Cette riche expérience le conduisit à éclaircir sa palette chromatique. Contrôlant ses sensations et ses idées, Lebourg s’exprimait ainsi :  » Il ne suffit pas de travailler d’arrache-pied, il faut le faire avec intelligence et méthode « 

Après avoir abandonné son poste de professeur en Algérie, il revient à Paris en 1877 et se forme dans l’atelier de Jean-Paul Laurens de 1878 à 1880. Mais cet enseignement ne satisfait pas le jeune artiste, amoureux des paysages et du travail  » sur le motif « . Lebourg fait alors la connaissance d’un marchand de tableaux du nom de Portier qui l’introduit dans les cercles des artistes et des collectionneurs de la nouvelle peinture. C’est grâce à lui que Lebourg participe à l’aventure en exposant aux 4ème et 5ème Expositions Impressionnistes, en 1879 et 1880. C’est aussi à partir de cette période qu’il se noue d’amitiés avec Degas, Monet, Pissaro, Gauguin ou Sisley. Il expose Une Femme lisant au salon de Paris en 1878. Lors de la quatrième exposition impressionniste de 1879, il présente dix tableaux et dix fusains inspirés de l’Algérie et de la Normandie, dont L’Amirauté à Alger. Alors qu’il fréquente l’atelier de Laurens en 1878 et 1879, c’est à Paris qu’Il s’installe dans le quartier des Gobelins dans le but de préparer le concours de professeur de dessin de la Ville de Paris. Mais il renonce à ce projet puis expose à nouveau avec les impressionnistes en 1880 lors de leur cinquième manifestation. C’est en contemplant Paris qu’il s’exclama :  » C’est surtout devant un tel tableau qu’on se rend bien compte qu’il faut donner la sensation des choses et pas copier les choses et qu’un tableau n’est pas une photographie «  Il expose au Salon de la Société des Artistes Français de 1883, puis en 1886. Après la fondation de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1889, il y exposa régulièrement de 1891 à 1914. 

Sur les conseils de son ami Paul Paulin, il effectue un voyage en Auvergne au mois de juillet 1884 Il visite Thiers, Riom, le Mont-Dore et revient en Auvergne à Pont du Château, en août 1885. Après un bref passage à Paris, il rejoint Pont-du-Château à l’automne, y passe l’hiver et rentre à Paris au printemps suivant. Entre 1884 et 1886, il séjourna souvent en Auvergne, produisant les œuvres impressionnistes telles que Neige en Auvergne en 1886 (Musée des Beaux-Arts de Rouen), où une rivière rétablit la présence de l’eau, omniprésente dans son œuvre. Puis il est invité en février 1887 à l’exposition du Groupe des XX à Bruxelles. Lebourg expose au 1er salon de la Société nationale des beaux-arts du 15 mai au 30 juin 1890. Il participera de même en 1891, 1892, 1893 et devient sociétaire. En 1892, il s’installe à Rouen résidant au 2 quai du Havre.

Marie Guilloux, son épouse décède le 3 août 1894. Lebourg séjourne alors à Versailles chez sa belle-mère, puis à Alençon. De l’automne 1895 jusque début 1896, il visite la Hollande avec le peintre Horace Mélicourt, ancien compagnon de l’atelier Jean-Paul Laurens. En février, il participe à la 3ème exposition de la Libre Esthétique à Bruxelles. Au mois d’avril, une exposition particulière lui est consacrée à la galerie Mancini rue Taitbout à Paris. Au mois d’août 1897, il effectue un second voyage aux Pays-Bas, à Rotterdam. Il est présent en 1900 à l’exposition de la Centennale de l’Art français et aussi au Pavillon des Peintres orientalistes. En 1900 il fit aussi un bref séjour en Grande-Bretagne, où il approfondit sa connaissance de Turner, Constable et Gainsborough.

En mars 1901, il participe à la 8ème exposition de la Libre Esthétique à Bruxelles. Pendant l’été 1902, il part en cure  à Saint Guingolph en Suisse , y reste jusque fin novembre ; mais se déclare peu convaincu par les paysages de montagne. Il décide de passer à des formats plus grands. En 1903, il expose à la Nationale des beaux-arts six vues du lac Léman puis Il participe à l’exposition d’Hanoï dans le cadre de la présence culturelle de la France en outre-mer, ce qui lui vaut sa nomination au grade de chevalier de la Légion d’honneur en 1903. En 1924, il sera promu au grade d’officier.

En 1905, il effectue un voyage dans le sud-ouest de la France avec un séjour prolongé à La Rochelle. Durant l’année 1907, il participe à l’exposition l’Âme normande à Paris. Il consacre l’été à visiter la Belgique : Gand, Bruges. Il passe la suite de l’été à la Bouille, près de Rouen où il réalisera une grande production.

Au cours de l’année 1910, il séjourne à Amiens. Et, à l’automne, il se trouve en villégiature à Chalou-Moulineux, village dans la banlieue sud de Paris. Il obtient une médaille de bronze à l’exposition internationale d’art à Barcelone en 1911. La même année, il expose des vues d’Amiens et de Chalou-Moulineux à la Nationale des beaux-arts. Il continue à travailler à la manière impressionniste avec des paysages tels que Petite ferme près de l’eau (Ile de Vaux) en 1903 (Musée des Beaux-Arts de Rouen) jusqu’en 1921 où il fut frappé de paralysie après s’être remarié avec sa belle-sœur Madame Alice Guilloux. Lebourg cesse de peindre en 1925. Les paysages d’hiver et les sites au bord de l’eau ont la prédilection de cet artiste pour qui  » les valeurs prédominent sur les tons « 

medaillon Lebourg recto

Curieusement, le 3 août 1924, à l’initiative de Robert Duquesne, Conservateur du musée Alfred Canel, il fut décidé de rendre hommage à Lebourg en apposant une plaque commémorative sur la maison où il naquit alors qu’il était encore vivant… Il meurt à Rouen le 7 janvier 1928 résidant toujours au 2 quai du Havre. Il repose désormais au cimetière monumental de Rouen Albert Lebourg est membre de l’Académie des Sciences, des Belles lettres et Arts de Rouen

A noter l’excellent catalogue raisonné réalisé par Léonce Bénédicte du vivant de l’artiste. Albert Lebourg demeure un artiste majeur du mouvement Impressionniste et quiconque souhaitant approfondir l’œuvre d’Albert Lebourg est invité à consulter les excellents ouvrages réalisés par François Lespinasse expert de l’œuvre de Lebourg.