Historique et Architecture

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Clocher de l’église Saint Pierre

Edifiée initialement par les sires de Montfort au XIe  siècle, l’église, placée sous le patronage de Saint Pierre et Saint Paul,  fut donnée à l’abbaye du Bec en 1097 par Robert 1er de Montfort. Son implantation au pied de la colline sur laquelle est érigé le château rappelle la volonté des sires de l’époque de rassembler le pouvoir temporel et spirituel dans un espace restreint. L’édifice a subi de nombreux dommages au gré du temps, et plus particulièrement lors des guerres de religion. De nombreuses réparations l’attestent. Elle fut largement remaniée au XVIIIe alors qu’elle était dans un état de ruine fortement avancée. La tour beffroi, restaurée au XIIIe, présente des contreforts disposés deux par deux à chaque angle et s’accole à l’église du côté sud contre le chœur. L’appareil mixte composé de silex à parement et de pierre calcaire rappelle par endroit l’architecture du château médiéval. Construite sur trois niveaux, le Rez-de-chaussée dispose d’une meurtrière rebouchée par des pierres grossièrement scellées. L’étage supérieur offre une ouverture ogivale du XIIIe du type lancette à arcature ornée de dents de scie. Le dernier niveau quant à lui présente des arcatures aveugles en plein cintre à colonne de style roman. Ce niveau abrite trois cloches dont deux d’entres elles datent de 1744, la troisième, acquise en 1954 fut offerte par la Comtesse Emmanuel de Levis Mirepoix. La nef fut en grande partie reconstruite au XVIIIe siècle.

eglise carte postale

Témoins de cette reconstruction, les briques intercalées dans les maçonneries, notamment au sein des contreforts. Le chœur de largeur et d’élévation plus restreinte est relié à la nef par un arc triomphal formant une ogive très élevée séparant les deux volumes à l’intérieur de l’édifice. A l’extérieur, pour qui est observateur, une ancienne ouverture du XIIe siècle se devine sous l’enduit grossier réalisé au XIXe sur le mur à proximité du portail à l’arrière de l’édifice. Le portail du XVIème siècle offre une porte carrée surmontée d’une ogive à trois meneaux en pierre. En 1562, l’église fut pillée et saccagée à maintes reprises lors des guerres de religion au moment ou se produisait le mouvement insurrectionnel des huguenots. L’église paroissiale était alors en très mauvais état et pour cause d’insécurité l’office n’y était plus célébré. En 1755 un devis de remise en état de l’édifice fut réalisé par l’architecte Bourlier. Les travaux furent réalisés et l’édifice réhabilité aux dépens de la chapelle Notre Dame située à proximité immédiate et qui fut délibérément détruite.

Curiosité

voute
Détail de la voute découverte dans la sacristie

Une première remarque vient à l’esprit pour quiconque faisant usage de ses talents d’observation. Le clocher de l’Eglise saint Pierre et saint Paul semble comprendre un niveau semi enterré sous la sacristie. Les hypothèses allant bon train, nous avons envisagé la possibilité de la présence d’une crypte. Nos investigations ne nous ont pas permis d’apporter de réponse probante. En effet un sondage au niveau du sol a mis au jour un remblai composé de fragments de brique rouge et de « sable à lapin », matériaux semblant dater des XVIIIe- XIXe siècles, ce qui correspondrait à la période de reconstruction de l’église. Toutefois la possibilité de l’existence d’une crypte reste possible d’autant que la proximité de l’église et du château sont évidentes.

Après lecture de l’ouvrage de Robert Duquesne dédié à Montfort, un épisode évoquant « l’existence d’un passage secret dans la sacristie après avoir déplacé un placard » a porté notre curiosité à vérifier cette assertion. Notre curiosité fut satisfaite et les propos de Robert Duquesne s’avéraient vrais. Après avoir déplacé les menuiseries, nous avons constaté l’existence, le long de la muraille de la tour beffroi, au premier niveau, d’une voute médiévale présentant des réminiscences de polychromie. Cette voute de style gothique de type arc brisé s’inscrit dans une période avoisinant les XIIe et XIIIe siècles. Sous cette voute des traces de fixation d’une hypothétique rampe invitent à croire à la présence d’un ancien escalier qui permettait d’accéder au niveau inférieur…

Mobilier

Le mobilier, riche et diversifié se compose d’un ensemble de statues, tableaux et retables. Un retable à pilastres en bois peint de la fin du XVIIIe orne le chœur et présente en son centre un tabernacle à balustres du XVIIe. Ce retable proviendrait de l’ancienne chapelle Notre Dame détruite au XVIIIe siècle.

De part et d’autre de l’autel sont disposées deux grandes torchères classées en bois peint et doré du XVIIIe.

En haut de la nef, nous nous attarderons sur trois statues en bois d’excellente facture datant du XVIe, représentations de Sainte Anne, Sainte Marie -Magdeleine et Sainte Marthe.

La toile de la naissance de la Vierge vers le milieu de la nef est une œuvre classée du XVIe. L’enfant est sur les genoux d’une femme, un bassin est préparé pour le bain ainsi que des langes. Sous une nuée d’anges, Sainte Anne est couchée dans un lit à baldaquin, des servantes à son chevet. Saint Joachim veille au pied du lit. Les six phylactères accompagnent les personnages chenus symbolisant les tribus d’Israël.

Ex Voto Notre Dame de Montfort

« Hugues, seigneur de Montfort partit en terre sainte. Il laissa son épouse Alice au logis. Quant il revint, de méchantes langues lui suggérèrent qu’il avait été trompé par sa femme. Furieux, il ordonna que celle-ci soit à l’instant précipitée dans la Risle, une pierre au cou. Justiciers d’obéir. La dame prend le ciel à témoin de son innocence et supplie Notre-Dame de faire miracle en sa faveur. Ce qui advint. car au dessus du fleuve, la Dame, la pierre et la chaîne surnagèrent ». Et c’est en ex-voto à Notre-Dame, que dans son repentir le sire fit accrocher la pierre miraculeuse et la chaîne au pied de la statue.

La visite ne serait s’achever sans porter notre attention sur la curieuse statue Notre Dame de Montfort, datant du XIVe, objet d’une légende populaire dont voici le résumé issu de l’ouvrage de Robert Duquesne :

L eglise de Montfort sur Risle debut 1950
Cette photo a été prise au début des années 50 dans l’église de Montfort sur Risle